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le mécanisme du toucher

cales qui maintiennent cette extension forcée. Cette position anormale nous fait croire, si nous fermons les yeux, que les doigts sont allongés au point de dépasser trois ou quatre fois leurs proportions réelles ; si bien que sous l’influence de cette illusion nous perdons la faculté de nous représenter la forme de notre main et sa position. Mais si nous remuons un petit objet facile à mettre en mouvement entre nos trois derniers doigts tandis que le pouce et l’index sont écartés l’un de l’autre par une cale volumineuse, nous croyons avoir deux doigts démesurément longs et raides, et trois doigts très petits extraordinairement souples et agiles.

L’art de la localisation des contacts dans le groupement des doigts dont nous parlerons plus loin, peut être facilité par l’étude de ces expériences qui permettent de cultiver d’une manière spéciale la finesse des observations au sujet des rapports multiples, infiniment variables des contacts.

Comme nous l’avons dit précédemment, à mesure que les fonctions tactiles s’affinent, notre conscience faiblit et cesse de nous fournir un contrôle aussi précis de notre toucher. La justesse de cette affirmation peut être prouvée par les expériences suivantes : Après avoir posé un papier blanc, léger sur un portemine à côtes, si nous prenons les empreintes de nos contacts en roulant ce petit objet entre le pouce et l’index, les rayures se reproduiront fidèlement sur le papier. Si nous procédons de même avec une petite boîte à ligues concentriques en relief, en la maintenant et la