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le mécanisme du toucher

état préparatoire « se faire la main, former l’outil ». Mais aussi longtemps qu’on ne reconnaîtra pas que le mouvement et la pensée sont une même force, l’étude n’aura pas de base sérieuse, car au lieu de perfectionner les mouvements, c’est leur adaptation qu’on cherche à perfectionner. C’est à peu près comme si on voulait corriger un bègue en lui apprenant plusieurs langues, il les bégaiera toutes.

Lorsqu’il s’agit d’effectuer une adaptation artistique, l’imperfection de nos mouvements est chronique et, par une conséquence inévitable, tous les défauts des mouvements se manifestent comme défauts de perceptions auditives et visuelles.

L’éducation est donc entravée par la négation de certaines vérités, dont l’application pratique donnerait à l’étude d’art un essor nouveau.

Comme nous influençons par le caractère de notre sensibilité nos représentations visuelles, nous pouvons, par le caractère de l’étude, réagir sur toutes nos perceptions.

Puisque par le perfectionnement de nos mouvement, nous arrivons à évoquer les formes plus rapidement, on pourrait admettre que, le champ de notre imagination étant limité, c’est le rapetissement de nos représentations visuelles qui nous fait acquérir la faculté des conceptions multiples.

La rapidité avec laquelle les représentations visuelles sont évoquées chez les grands artistes est en rapport avec leur richesse d’imagination, qui est la cause première