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les représentations visuelles des contacts

bons dans les phénomènes visuels des proportions plus grandes aux objets les plus rapprochés, et des dimensions moindres aux objets qui sont plus éloignés. Par contre dans les phénomènes du toucher, plus l’intensité de notre sensibilité tend à fusionner les contacts et la perception des contacts, moins les dimensions des objets perçus paraissent grandes ; et inversement, moins les contacts sont rapidement reliés à la perception cérébrale, plus les dimensions des objets perçus paraissent grandes.

Ces lois s’affirment peut-être à quelque degré dans l’ascendant qui émane des personnalités puissantes auxquelles les grands obstacles présentent pour ainsi dire une surface moindre par rapport à leur propre force, tandis qu’aux natures peu énergiques les moindres obstacles présentent une grande surface par rapport à leur force potentielle.

En considérant l’ensemble de ces phénomènes de différenciation du toucher, on se demande si ces principes ne se trouvent pas affirmés à quelque degré dans les tendances artistiques du génie grec : car leurs instincts affinés faisaient éviter aux Grecs la symétrie absolue autant dans leur musique que dans leur poésie et leurs œuvres d’art. Dans leur art musical il joignaient à Arsis et Thesis, le temps fort et le temps faible, le temps irrationnel. Dans leur architecture ils cherchaient à communiquer aux colonnes et aux stylobates des temples, certaines inclinaisons, certaines déviations faibles des lignes par lesquelles la symétrie était artistiquement atténuée.

Ne dirait-on pas que la nature nous a, par le mécanisme