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les représentations visuelles des contacts

légèrement par des attouchements successifs du pouce.

Un phénomène du même ordre se produit dans cette expérience d’Aristote, qui consiste à croiser l’index et le médius pour rouler un pois ; car de cette inversion de position des pulpes, il résulte non seulement l’illusion de rouler deux pois, mais celle que les deux pois sont de grosseurs différentes. Ce sont les sensations éveillées par le glissé de l’index qui nous font concevoir le pois dont les dimensions sont moindres.

Si nous multiplions les illusions en faisant simultanément l’expérience avec les médius et les index des deux mains, nous sentirons quatre pois de grosseurs distinctes.

Par le croisement de l’index et du quatrième doigt, la différence s’accusera davantage, et si l’expérience est faite à la fois dans les deux mains nous nous représenterons quatre pois dont les dimensions sont complètement différentes de celles évoquées par le croisement des index et des médius.

Ceux auxquels la conformation de leurs mains permet de réaliser le croisement des index et des cinquièmes doigts constateront que ces contacts leur suggèrent des disproportions encore plus grandes. Dans ces diverses expériences notre conception des proportions des pois a subi de telles altérations qu’aucune modification de dimension n’a pu être reconnue par nous isolément : le moindre changement a toujours entraîné un ensemble de changements.

Ces phénomènes n’ayant fait que confirmer ceux des expériences précédentes, on pourrait présumer que notre