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la pulpe des doigts

tacts de manière à produire un croisement entre la direction des lignes papillaires et le mouvement.

Sous l’influence de ces convergences ou de ces divergences, le mouvement suscite des sensations nettement diversifiées. Posées en travers des mouvements, les lignes papillaires semblent l’entraver ; au contraire, si elles sont disposées parallèlement, le mouvement prend une allure si aisée que les doigts semblent entraînés par leurs dispositions appropriées.

Notre tendance à employer les procédés qui nous coûtent le moins d’effort trouve une nouvelle confirmation dans cet automatisme subtil. Au point de vue de l’exécution musicale, ce fait a une importance particulière, car si nous attaquons fortement ou faiblement une touche en utilisant successivement les deux procédés ci-dessus signalés, c’est par celui qui nous coûte le moins d’effort que nous produirons le son le plus vibrant.

L’influence exercée par l’agencement des contacts sur l’ensemble de la sonorité et sur le style est si considérable qu’elle fait présumer que tous ceux qui ont naturellement une très belle sonorité possèdent une discrimination inconsciente de la coordination de leurs contacts. Tandis que de mauvais exécutants, en faisant trois attaques successives, poseront leurs doigts de façon à produire, par exemple, des empreintes trop uniformes, pour coïncider avec des attaques très souples (voir fig. 5), ou des empreintes incohérentes qui, lorsqu’elles sont réalisées, coïncident avec une espèce de crispation des doigts (voir fig. 6), les bons exécutants agenceront leurs