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histoire d’abdallah de la terre…
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trouva, engagé entre les mailles du filet, un être humain, un Adamite, semblable à tous les Ibn-Adam, avec cette seule différence que son corps se terminait en queue de poisson, mais, à part cela, il avait une tête, un visage, une barbe, un tronc et des bras, tout comme un homme de la terre.

À cette vue, le pêcheur Abdallah ne douta pas un instant qu’il ne fût en présence d’un éfrit d’entre les éfrits, qui, dans les anciens temps, rebelles aux ordres de notre maître Soleïmân Ibn-Daoûd, avaient été enfermés dans des vases de cuivre rouge et jetés à la mer. Et il se dit : « C’est là certainement l’un d’eux ! Grâce à l’usure du métal par l’eau et les années, il a pu sortir du vase scellé et se cramponner à mon filet ! » Et, poussant des cris de terreur et relevant sa robe au-dessus de ses genoux, le pêcheur se mit à courir sur la plage, fuyant à perdre la respiration, et hurlant : « Amân ! Amân ! Je le demande grâce, ô éfrit de Soleïmân ! »

Mais l’Adamite, de l’intérieur du filet, lui cria : « Viens, ô pêcheur ! Ne me fuis pas ! Car je suis un être humain comme toi, et non point un mared ou un éfrit ! Reviens plutôt m’aider à sortir de ce filet, et ne crains rien ! Je t’en récompenserai largement ! Et Allah t’en tiendra compte au jour du Jugement ! » À ces paroles, le cœur du pêcheur se calma ; et il s’arrêta de fuir et revint, mais à pas lents, avançant d’une jambe et reculant de l’autre, vers son filet. Et il dit à l’Adamite pris dans le filet : « Alors tu n’es point un genni d’entre les genn…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.