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histoire d’abdallah de la terre…)
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dit : « Ô mon Dieu, fais que sa vie soit facile et non pas difficile, abondante et non point insuffisante ! » Et, après avoir attendu un moment, il retira le filet et le trouva rempli d’ordures, de sable, de gravier et d’herbes marines, mais n’y vit pas trace de poisson grand ou petit, absolument rien ! Alors il s’étonna et s’attrista en son âme, et dit : « Allah aurait-il donc créé ce nouveau-né pour ne lui allouer aucun lot ni aucune provision ? Cela ne peut être, ne pourra jamais être ! Car Celui qui a formé les mâchoires de l’homme et tracé deux lèvres pour la bouche, ne l’a pas point fait en vain, et a pris lui-même sous sa responsabilité de fournir à leurs besoins, parce qu’il est le Prévoyant, le Généreux. Qu’il soit exalté ! » Puis il chargea son filet sur son dos et alla le jeter à un autre endroit, dans la mer. Et il patienta un bon moment et, après s’être donné une grande peine, car il le trouvait bien lourd, il le retira. Et il y trouva un âne mort, tout gonflé et exhalant une odeur épouvantable. Et le pêcheur sentit la nausée envahir son âme ; et il se hâta de débarrasser son filet de cet âne mort, et de s’éloigner au plus vite vers un autre endroit, en disant : « Il n’y a de recours et de puissance qu’en Allah le Glorieux, le Très-Haut ! Tout ce qui m’arrive là en fait de malechance est la faute de ma maudite femme ! Que de fois ne lui ai-je pas dit : « Il n’y a plus rien pour moi dans l’eau, et il faut que je cherche ailleurs notre subsistance. Je n’en puis plus de ce métier ! Non, en vérité, je n’en puis plus ! Laisse-moi donc, ô femme, exercer un autre métier que celui de pêcheur ! » Et je lui ai tant de fois répété ces paroles, que les poils