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anecdotes morales… (il y a blanc…)
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maison et, comme il était fatigué de toute une journée de ventes et d’achats, il alla à son lit et voulut s’y étendre pour se reposer, mais il aperçut une large tache qui maculait les draps, et recula étonné et méfiant à la limite de la méfiance. Puis il se dit : « Qui a bien pu pénétrer dans ma maison et faire ce qu’il a pu faire avec mon épouse ? Car ceci que je vois est de la semence d’homme, sans aucun doute ! » Et, pour mieux s’en assurer le marchand plongea son doigt au milieu du liquide et dit : « C’est cela même ! » Alors, plein de fureur, il voulut tout d’abord tuer le jeune garçon, mais il se ravisa, pensant : « Une tache si énorme ne peut être sortie de ce jeune garçon, car il n’est pas encore à l’âge où se gonflent les œufs ! » Il l’appela pourtant et, la voix tremblante de fureur, lui cria : « Misérable avorton, où est ta maîtresse ? » Il répondit : « Elle est allée au hammam ! » À ces mots, le soupçon ne fit que se consolider dans l’esprit du marchand, puisque la loi religieuse veut que les hommes et les femmes aillent au hammam faire une ablution complète toutes les fois qu’il y a eu copulation. Et il cria au garçon : « Cours vite la presser de rentrer ! » Et le garçon s’empressa d’exécuter l’ordre.

Lorsque son épouse fut rentrée, le marchand, dont les yeux roulaient de droite et de gauche dans la chambre même où se trouvait le lit en question, sans prononcer une parole, bondit sur elle, la saisit par les cheveux, la renversa à terre et commença par lui administrer une raclée à grand renfort de coups de pied et de coups de poing. Après quoi il lui lia les bras, prit un grand couteau et s’apprêta à