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anecdotes morales… (il y a blanc…)
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— Mais, continua Schahrazade, l’anecdote que je vais te raconter démontrera mieux encore combien sont trompeuses les apparences, et comme il est dangereux de se laisser guider par elles :


IL Y A BLANC ET BLANC


Il m’est revenu, ô Roi fortuné, qu’un homme d’entre les hommes s’éprit à l’extrême d’une charmante et belle adolescente. Et cette adolescente, modèle de grâce et de perfections, était mariée à un homme qu’elle aimait et dont elle était aimée. Et comme elle était, en outre, chaste et vertueuse, l’homme qui en était amoureux ne pouvait arriver à trouver le moyen de la séduire. Et comme il y avait déjà longtemps qu’il usait sa patience sans résultat, il pensa à employer quelque expédient soit pour se venger d’elle, soit pour vaincre son abstension.

Or, l’époux de cette jeune femme avait chez lui, comme serviteur de confiance, un jeune garçon qu’il avait élevé dès l’enfance, et qui gardait la maison pendant l’absence des maîtres. Aussi l’amoureux évincé alla trouver ce jeune garçon et se lia d’amitié avec lui, en lui faisant divers cadeaux et le comblant de prévenances, tant et tant que le jeune garçon finit par être entièrement à sa dévotion et par lui obéir, sans restriction, en toutes choses.

Quand donc l’affaire fut à ce point, l’amoureux dit