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les mille nuits et une nuit

venture, il alla trouver son épouse et lui dit : « Ô mère d’Ali, sache que je viens de masser au hammam un jeune garçon beau comme la lune dans son plein. Il est le fils du grand-vizir, et il a toutes les perfections ; mais, le pauvre ! il n’a point un zebb comme celui des autres hommes ! Ce qu’il possède est à peine aussi gros qu’une noisette. Et moi comme je me lamentais sur sa jeunesse, il m’a donné cette bourse pleine d’or afin que je lui procure une adolescente capable de développer en un instant le pauvre héritage qu’il tient de son vénérable père ; car le naïf s’imagine que son zebb va s’ériger comme ça en un instant dès le premier essai ! Moi alors j’ai pensé qu’il valait mieux que tout cet or restât dans la maison ; et je viens te trouver pour te décider à m’accompagner au hammam où tu feras le simulacre de te prêter à l’essai sans conséquence du pauvre garçon. Il n’y a aucun inconvénient à la chose ! Et tu pourras même passer une heure à rire sur lui, sans aucun danger ni crainte ! Et moi je veillerai du dehors sur vous deux, et je ferai en sorte de vous protéger contre la curiosité des baigneurs.

En entendant ces paroles de son époux, la jeune femme répondit par l’ouïe et l’obéissance et se leva, et se para et se vêtit de ses plus belles robes. D’ailleurs, même sans parures ni ornements, elle pouvait faire tourner toutes les têtes et s’envoler tous les cœurs, car elle était la plus belle d’entre les femmes de son temps…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.