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les mille nuits et une nuit

de te le diminuer ! Ce sera là ton second souhait ! »

Le saint homme leva alors les yeux au ciel et dit : « Ô Allah, je te supplie de me débarrasser de cette encombrante marchandise, et de me délivrer du tracas qu’elle me procure ! » Et aussitôt l’homme devint lisse quant à son ventre, sans plus de trace de zebb et d’œufs que s’il eût été une jeune fille impubère.

Mais cette disparition complète ne le satisfit guère, pas plus lui que son épouse, qui se mit à l’invectiver et à lui reprocher de l’avoir à jamais frustrée de son dû. Aussi la peine du saint homme fut-elle extrême ; et il dit à son épouse : « Tout cela est ta faute et vient de tes conseils insensés ! Ô femme sans jugement, moi j’avais droit à trois souhaits devant Allah, et je pouvais choisir à mon gré ce qui me plaisait le mieux des biens de ce monde et de l’autre. Et voilà que deux de mes vœux ont été déjà exaucés, mais c’est tout comme si de rien n’était. Et me voici dans une condition pire que la précédente ! Mais comme il me reste encore le droit de formuler mon troisième souhait, je vais demander à mon Seigneur de me faire réintégrer dans ce que je possédais tout à fait au commencement ! »

Et il pria son Seigneur qui exauça son vœu. Et il rentra dans ce qu’il possédait au commencement !

La morale de cette anecdote est qu’il faut se contenter de ce que l’on a.


— Puis Schahrazade dit :