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histoire d’abou-kir et d’abou-sir
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« Et maintenant, ô roi, je viens te rendre cet anneau, par gratitude pour tes bienfaits sur moi, et pour te démontrer que si j’étais un criminel dans l’âme je me serais déjà servi de cet anneau pour exterminer mes ennemis et tuer leur roi ! Et je te supplie, en retour, d’examiner plus attentivement le crime que j’ignore et pour lequel tu m’as condamné, et de me faire périr dans les tortures si je suis reconnu vraiment criminel ! » Et, en disant ces paroles, Abou-Sir retira l’anneau de son doigt et le remit au roi qui se hâta de le passer au sien, en respirant d’aise et de contentement, et en sentant son âme rentrer dans son corps. Il se leva alors sur ses pieds et jeta ses bras autour du cou d’Abou-Sir, en lui disant : « Ô homme, certes ! tu es la fleur de choix d’entre les gens bien nés ! Je te prie de ne point me blâmer trop, et de me pardonner le mal que je t’ai fait et le dommage que je t’ai causé. En vérité, un autre que toi ne m’aurait jamais rendu cet anneau ! » Le barbier répondit : « Ô roi du temps, si vraiment tu souhaites que je libère ta conscience, tu n’as qu’à me dire enfin le crime qui m’est attribué et qui m’a valu ta colère et ton ressentiment ! » Le roi dit : « Ouallah ! à quoi bon ? Je suis maintenant sûr que tu as été accusé à faux. Mais du moment que tu désires savoir le crime que l’on t’a attribué, voici ! Le teinturier Abou-Kir m’a dit de toi telle et telle chose ! » Et il lui raconta tout ce dont l’avait accusé le teinturier, au sujet de la pâte épilatoire expérimentée d’ailleurs sur le haut des poils du bas du grand-vizir…