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histoire d’abou-kir et d’abou-sir
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mée ; car lorsque le roi voulait donner l’ordre d’exécuter un coupable, il n’avait qu’à lever la main au doigt de laquelle se trouvait l’anneau, et il en jaillissait aussitôt un éclair subit qui renversait à terre le coupable raide mort, en lui faisant sauter la tête d’entre les épaules !

Aussi, quand le roi vit de la sorte tomber son anneau dans la mer, il ne voulut en parler à qui que ce fût et garda le plus profond secret sur sa perte ; sans quoi il lui eût été impossible de tenir plus longtemps ses sujets dans la crainte et l’obéissance. Et voilà pour le roi !

Quant à Abou-Sir, une fois seul dans l’île, il prit le filet de pêche que lui avait donné le capitaine marin, et, pour distraire ses torturantes pensées et chercher sa nourriture, il se mit à pêcher dans la mer. Et, après avoir jeté son filet et attendu un moment, il le retira et le trouva plein de poissons de toutes les couleurs et de toutes les grosseurs. Et il se dit : « Par Allah ! voilà longtemps déjà que je n’ai point mangé de poisson ! Je vais en prendre un et le donner aux deux garçons de cuisine dont m’a parlé le capitaine, afin qu’ils me le fassent cuire à l’huile. » En effet, le capitaine du port et des navires avait également charge de pourvoir, tous les jours, de poisson frais la cuisine du roi ; et, ce jour-là, comme il n’avait pu veiller lui-même à la pêche du poisson, il avait chargé Abou-Sir de ce soin, et lui avait parlé de deux garçons cuisiniers qui viendraient afin qu’il leur livrât le poisson pêché et destiné au roi. Et Abou-Sir fut favorisé de cette pêche nombreuse, dès le premier coup de filet. Il commença donc, avant de