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les mille nuits et une nuit

tous les clients ordinaires étaient ébahis de voir Abou-Sir en personne remplir cet office et rendre ces honneurs exceptionnels au teinturier, alors que d’ordinaire le roi seul en bénéficiait.

Lorsque vint le moment de partir, Abou-Kir voulut offrir quelque argent à Abou-Sir que celui-ci se garda bien d’accepter, disant : « N’as-tu pas honte de m’offrir de l’argent, alors que je suis ton camarade, et qu’il n’y a aucune différence entre nous ? » Abou-Kir dit : « Soit ! mais, en retour, laisse-moi te donner un conseil qui te sera d’une grande utilité. Ce hammam est admirable, mais pour qu’il soit tout à fait merveilleux il lui manque encore une chose ! » Abou-Sir demanda : « Et quelle est-elle ? » Il dit : « La pâte épilatoire ! J’ai, en effet, remarqué qu’une fois que tu avais fini de raser la tête de tes clients, tu te servais, pour les poils des autres parties du corps, du rasoir également ou de la pince à poils. Or rien ne vaut la pâte épilatoire dont je connais la recette et que je vais te donner pour rien ! » Abou-Sir répondit : « Certes ! tu as raison, ô mon camarade. Je ne demande pas mieux que d’apprendre de toi la recette de la meilleure pâte épilatoire ! » Abou-Sir dit : « Voici ! Prends de l’arsenic jaune et de la chaux vive, pétris-les ensemble en y ajoutant un peu d’huile, mélange-les d’un peu de musc pour en enlever l’odeur désagréable, et renferme la pâte ainsi obtenue dans un pot en terre cuite, pour t’en servir au moment du besoin. Et je te réponds du succès de l’opération, surtout quand le roi verra ses poils tomber comme par enchantement, sans heurt ni frottement, et que sa peau lui apparaî-