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histoire d’abou-kir et d’abou-sir
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caisse, à la porte du hammam, et se mit à percevoir le prix des entrées qui fut laissé à la bonne volonté de chacun, à sa sortie du bain. Et, le soir venu, Abou-Sir avait encaissé des clients une recette de la contenance de la caisse, avec l’assentiment d’Allah (qu’il soit exalté !) Et il commença de la sorte à amonceler les tas d’or que lui accumulait sa destinée.

Tout cela ! Et, la reine, qui avait entendu parler de ces bains avec enthousiasme par le roi son époux, résolut d’en prendre un comme essai d’abord. Et elle fit prévenir de son intention Abou-Sir qui, pour lui plaire et acquérir également la clientèle des femmes, consacra désormais la matinée aux bains des hommes et l’après-midi aux bains des femmes. Et il se tenait lui-même le matin derrière la caisse, pour les recettes, tandis que l’après-midi il chargeait de ce soin une intendante nommée par lui à cette charge-là. Aussi, lorsque la reine fut entrée au hammam et qu’elle eut expérimenté sur elle-même les effets délicieux de ces bains selon la nouvelle manière, elle fut si charmée qu’elle résolut d’y revenir tous les vendredis après-midi, et ne se montra pas à l’égard d’Abou-Sir moins libérale que le roi, qui avait pris l’habitude d’y retourner tous les vendredis dans la matinée, en payant chaque fois mille dinars d’or, sans préjudice des cadeaux.

Ainsi Abou-Sir s’acheminait-il plus profondément dans les chemins des richesses, des honneurs et de la gloire ! Mais il ne se montra pas, pour cela, moins modeste ou moins honnête, au contraire ! Il continua, comme par le passé, à se montrer affable, sou-