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histoire d’abou-kir et d’abou-sir
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entre les mains du roi, dit : « Ô roi fortuné, ô visage de bon augure, ô souverain aux idées justes et pleines d’équité, quel est l’endroit qui va pouvoir me loger, avec cette armée entière de jeunes garçons blancs, de nègres et d’adolescentes ? » Le roi répondit : « Moi je t’ai fait donner tout cela pour te rendre bien riche ; car j’ai pensé que peut-être tu songeras un jour à retourner dans ta patrie près de ta famille chérie, souhaitant la revoir ; et alors tu pourras partir de chez nous avec assez de richesses pour vivre chez toi avec les tiens à l’abri du besoin ! » Il répondit : « Ô roi du temps, qu’Allah te conserve prospère ! mais tous ces esclaves c’est bon pour les rois, et non pour moi qui n’ai guère besoin de tout cela pour manger le pain et le fromage avec ma famille ! Comment vais-je faire pour nourrir et habiller cette armée de jeunes blancs, de jeunes noirs et d’adolescentes ? Par Allah ! ils auront vite fait de manger avec leurs jeunes dents tout mon gain et moi après mon gain ! » Le roi se mit à rire et dit : « Par ma vie, tu dis vrai ! Ils sont devenus une puissante armée ; et à toi seul tu ne pourras guère arriver à les satisfaire par n’importe quel endroit ! Veux-tu donc me les vendre, pour t’en débarrasser, chacun à cent dinars ? » Abou-Sir répondit : « Je te les vends à ce prix ! » Aussitôt le roi fit appeler son trésorier qui versa intégralement à Abou-Sir le prix des cent cinquante esclaves ; et le roi, à son tour, renvoya tous ces esclaves chacun à son ancien maître, comme cadeau. Et Abou-Sir remercia le roi pour ses bontés, et lui dit : « Qu’Allah te repose l’âme comme tu m’as reposé l’âme en me sauvant