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les mille nuits et une nuit

là un cadeau de roi ! » Et les émirs et les vizirs, en entendant ces paroles, approuvèrent grandement Abou-Sir et ajoutèrent : « Il dit la vérité, ô roi du temps, et c’est là la justice ! Car toi, ô notre bien-aimé, tu crois que tous les gens peuvent faire comme toi ! » Le roi dit : « C’est possible ! En tout cas cet homme est un étranger, un très pauvre, et le traiter avec largesse et générosité est notre devoir, d’autant plus qu’il dote notre ville de ce hammam dont de notre vie nous n’avons vu le pareil, et grâce auquel notre ville a acquis une importance et un éclat incomparables. Mais du moment que vous me dites ne pouvoir point payer mille dinars le bain, je vous autorise à ne le lui payer cette fois chacun que cent dinars seulement et à lui donner en plus un jeune esclave, un nègre et une adolescente ! Et, dans l’avenir, puisqu’il le juge ainsi, vous lui paierez chacun ce à quoi vous inciteront vos moyens et la générosité de votre âme ! » Ils répondirent : « Certes ! nous le voulons bien ! » Et lorsqu’ils eurent pris leur bain au hammam, ce jour-là, il payèrent chacun à Abou-Sir cent dinars d’or, un jeune esclave blanc, un nègre et une adolescente. Or, comme le nombre des émirs et des grands qui avaient pris leur bain, après le roi, montait à quatre cents, Abou-Sir reçut quarante mille dinars, quarante jeunes garçons blancs, quarante nègres et quarante adolescentes, et, de la part du roi, dix mille dinars, dix jeunes garçons blancs, dix jeunes nègres et dix adolescentes comme des lunes.

Lorsque Abou-Sir reçut tout cet or et ces cadeaux, il s’avança et, après avoir embrassé la terre