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histoire d’abou-kir et d’abou-sir
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vingt jeunes garçons bien faits et beaux comme des lunes, qu’Abou-Sir se hâta d’initier à l’art du massage et du lavage, en les massant et les lavant, et en leur faisant répéter les diverses expériences sur lui-même. Et lorsqu’ils furent devenus tout à fait experts dans l’art, il fixa enfin le jour de l’inauguration du hammam et en avisa le roi.

Et ce jour-là Abou-Sir fit chauffer le hammam et l’eau des bassins, et brûler l’encens et les parfums dans les cassolettes, et marcher les eaux des fontaines avec un bruit si admirable que toute musique devenait vacarme à côté ! Quant au grand jet d’eau du bassin central, c’était une merveille incomparable et qui, sans aucun doute, devait ravir les esprits en extase ! Et là dedans une propreté et une fraîcheur régnaient sur toute chose qui défiaient la candeur des lys et des jasmins.

Aussi quand le roi, accompagné de ses vizirs et de ses émirs, eut franchi la grande porte du hammam, il fut agréablement affecté, quant à ses yeux et à son nez et à ses oreilles, par la décoration charmante du lieu et les parfums et la musique de l’eau dans les vasques des fontaines. Et, bien émerveillé, il demanda : « Qu’est-ce cela ? » Abou-Sir répondit : « C’est le hammam, cela ! Mais ce n’en est que l’entrée ! » Et il fit pénétrer le roi dans la première salle, et le fit monter sur l’estrade où il le déshabilla et l’enveloppa de serviettes depuis la tête jusqu’aux pieds, et lui passa aux pieds de hautes socques de bois, et l’introduisit dans la seconde salle où il le fit abondamment transpirer. Alors, aidé des jeunes garçons, il lui frotta les membres au moyen de gants de crin et