Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 9, trad Mardrus, 1902.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
les mille nuits et une nuit

L’homme répondit : « Alors va te plonger dans l’eau de la mer ! C’est là qu’on se baigne ! » Abou-Sir dit : « C’est un bain au hammam que je désire ! » L’autre répondit : « Nous ne savons point, nous autres, ce que tu veux dire par hammam. Quand nous voulons prendre un bain, nous allons à la mer ; et le roi lui-même, quand il veut se laver, fait comme nous : il va prendre un bain de mer »

Lorsque Abou-Sir eut appris de la sorte que le hammam était chose inconnue pour les habitants de cette ville, et qu’il fut convaincu qu’ils ignoraient l’usage des bains chauds et des opérations du massage, de l’enlèvement des filaments, et de l’épilation, il se dirigea vers le palais du roi et demanda une audience qui lui fut accordée. Il entra donc chez le roi et, après avoir embrassé la terre entre ses mains et appelé sur lui les bénédictions, il lui dit : « Ô roi du temps, je suis étranger, et barbier de ma profession. Je sais également exercer d’autres métiers, surtout celui de chauffeur de hammam et de masseur, bien que dans mon pays chacune de ces professions soit exercée par des hommes différents qui ne font que cela toute leur vie. Et j’ai voulu aujourd’hui aller au hammam dans ta ville ; mais nul ne sut m’en indiquer le chemin, et nul ne comprit ce que signifiait le mot hammam ! Or il est bien étonnant qu’une ville aussi belle que la tienne soit dépourvue de hammams, alors qu’il n’y a rien au monde d’aussi excellent pour faire les délices et l’embellissement d’une ville ! En vérité, ô roi du temps, le hammam est un paradis sur la terre ! » À ces paroles, le roi fut extrêmement étonné et demanda : « Peux-tu