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histoire d’abou-kir et d’abou-sir
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— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT QUATRE-VINGT-TREIZIÈME NUIT

Elle dit :

… mais pour ce qui est d’Abou-Sir, le barbier, voici !

Une fois qu’il eut été dépouillé et délaissé par le teinturier, qui était parti après l’avoir enfermé dans le logement, il resta étendu à demi-mort pendant trois jours, au bout desquels le portier du khân finit par s’étonner de ne voir sortir aucun d’eux ; et il se dit : « Ils sont peut-être partis sans me payer le prix de location du logement ! Peut-être aussi sont-ils morts ! Ou encore peut-être c’est autre chose, je ne sais pas ! » Et il se dirigea vers la porte de leur logement, et trouva la clef de bois dans le loquet fermé avec les deux crans ; et il entendit au dedans comme un faible gémissement. Alors il ouvrit la porte et entra et vit le barbier étendu sur la natte, jaune et méconnaissable ; et il lui demanda : « Qu’as-tu, mon frère, que je t’entends gémir de la sorte ? Et qu’est devenu ton compagnon ? » Le pauvre barbier, d’une voix bien faible, répondit : « Allah seul le sait ! C’est aujourd’hui seulement que je suis parvenu à ouvrir les yeux. Je ne sais depuis quand je suis là ! Mais j’ai bien soif, et je te prie, ô mon frère,