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histoire d’abou-kir et d’abou-sir
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teinturerie avec quarante cuves de grande dimension et quarante autres d’une moindre dimension. Et, en toute chose, agissez suivant les indications de ce grand maître teinturier ; suivez ponctuellement ses ordres et prenez bien garde de faire mine de lui désobéir en quoi que ce soit ! » Puis le roi fit don à Abou-Kir d’une belle robe d’honneur et d’une bourse de mille dinars, en lui disant : « Dépense pour tes plaisirs cet argent, en attendant que soit prête la nouvelle teinturerie ! » Et il lui fit, en outre, cadeau de deux jeunes garçons pour le servir, et d’un merveilleux cheval harnaché d’une belle selle de velours bleu et d’une housse en soie de même couleur. De plus il mit à sa disposition, pour qu’il l’habitât, une grande maison richement meublée par ses soins et desservie par un grand nombre d’esclaves.

Aussi Abou-Kir, vêtu maintenant de brocart et monté sur son beau cheval, apparaissait-il brillant et majestueux tel un émir fils d’émir ! Et le lendemain il ne manqua pas, toujours monté sur son cheval et précédé de deux architectes et des deux jeunes garçons qui écartaient la foule sur son passage, de parcourir les rues et les souks à la recherche d’un emplacement où bâtir sa teinturerie. Et il finit par fixer son choix sur une immense boutique voûtée, située au milieu du souk, et dit : « Cet endroit-ci est excellent ! » Aussitôt les architectes et les esclaves chassèrent le propriétaire, et commencèrent aussitôt à démolir d’un côté et à bâtir de l’autre, et ils apportèrent un si grand zèle dans l’accomplissement de leur tâche, sous les ordres d’Abou-Kir à cheval qui leur disait : « Faites ici telle et telle chose et là