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histoire d’abou-kir et d’abou-sir
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L’autre répondit : « Tu ne le pourras guère non plus ! » Alors Abou-Kir n’insista pas davantage, sortit de la boutique et alla trouver un second teinturier, puis un troisième et un quatrième, et les autres teinturiers de la ville ; et tous le reçurent de même, et lui firent les mêmes réponses, sans l’accepter pas plus comme maître que comme apprenti. Et il alla conter sa plainte au cheikh-syndic de la corporation qui lui répondit : « Je n’y puis rien. Notre coutume et nos traditions nous défendent d’accepter un étranger parmi nous. »

Devant cette réception, unanime dans le refus, de tous les teinturiers, Abou-Kir sentit son foie se gonfler de fureur, et il alla au palais et se présenta devant le roi de la ville et lui dit : « Ô roi du temps, je suis étranger et de ma profession je suis teinturier, et je sais teindre les étoffes de quarante couleurs différentes…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT QUATRE-VINGT-ONZIÈME NUIT

Elle dit :

« … et je sais teindre les étoffes de quarante couleurs différentes. Et pourtant il m’est arrivé telle et telle chose avec les teinturiers de cette ville qui ne savent teindre qu’en bleu. Moi, je puis donner à