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histoire de khalife et du khalifat
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arrive maintenant d’heureux, nous le devons à Khalife le pêcheur ! » Et Al-Rachid, en entendant tout cela, tantôt pleurait et sanglotait, tantôt riait de bonheur. Et lorsqu’elle eut fini de parler, il l’attira à lui, et l’embrassa sur les lèvres, longtemps, en la pressant contre sa poitrine. Et il ne put prononcer aucune parole ! Et ils restèrent ainsi tous deux une heure de temps.

Alors Khalife se leva et dit : « Par Allah ! ô émir des Croyants, j’espère maintenant que tu ne me feras plus donner la bastonnade ! » Et le khalifat, tout à fait remis, se mit à rire et lui dit : « Ô Khalife, tout ce que je pourrais faire pour toi désormais ne serait rien en comparaison de ce que nous te devons ! Veux-tu, tout de même, être mon ami et gouverner une province de mon empire ? » Et Khalife répondit : « L’esclave peut-il refuser les offres de son maître magnanime ? » Alors Al-Rachid lui dit : « Eh bien, Khalife, non seulement tu es nommé gouverneur de province avec des émoluments de dix mille dinars par mois, mais je veux que Force-des-Cœurs te choisisse elle-même, à son goût, parmi les adolescentes du palais et les filles des émirs et des notables, une jeune fille qui deviendra ton épouse ! Et c’est moi-même qui me charge de son trousseau et de la dot que tu apporteras à son père ! Et je veux désormais te voir tous les jours, et t’avoir à mes côtés dans les festins, au premier rang de mes intimes ! Et tu auras un train de maison digne de tes fonctions et de ton rang, et tout ce que pourra souhaiter ton âme ! »

Et Khalife embrassa la terre entre les mains du khalifat. Et tout ce bonheur-là lui arriva, et bien