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les mille nuits et une nuit

Ô précieux vin ! quel nom te donnerais-je, digne de tes vertus ? Je t’appellerai « la liqueur de la nouvelle mariée » !

Aussi le khalifat, de plus en plus émerveillé, dit à Giafar : « Ô Giafar, par la vie de ma tête ! je ne sais ce que je dois le plus admirer ici, de la magnificence de cette réception ou des manières raffinées, exquises et nobles de notre hôte ! En vérité, cela dépasse mon entendement ! » Mais Giafar répondit : « Tout ce que nous voyons là n’est rien en comparaison de ce que peut encore faire Celui qui n’a qu’à dire aux choses : « Soyez ! » pour qu’elles soient ! En tout cas, ô émir des Croyants, moi, ce que j’admire surtout en Khalife, c’est la sûreté de ses discours et sa sagesse consommée ! Et cela m’est un signe de la beauté de son destin ! Car Allah, quand Il distribue ses dons aux humains, accorde la sagesse à ceux que son choix élit entre tous, et Il la leur accorde de préférence aux biens de ce monde ! »

Sur ces entrefaites, Khalife, qui s’était absenté un moment, revint et, après de nouveaux souhaits de bienvenue, dit au khalifat : « L’émir des Croyants veut-il permettre à son esclave de lui amener une chanteuse, joueuse de luth, pour charmer les heures de sa nuit ? Car il n’y a point en ce moment à Baghdad chanteuse plus experte ou musicienne plus habile ! » Et le khalifat répondit : « Certes ! cela t’est permis ! » Et Khalife se leva et entra chez Force-des-Cœurs et lui dit que le moment était venu.

Alors Force-des-Cœurs, qui était déjà toute parée et parfumée, n’eut qu’à s’envelopper de son grand