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histoire de khalife et du khalifat
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prix, et les tapis jonchés de fleurs de toutes les couleurs. Et il aperçut, debout au pied des marches, Khalife souriant qui l’attendait, et qui se hâta de lui tenir l’étrier pour l’aider à descendre de cheval. Et il lui souhaita la bienvenue, en s’inclinant jusqu’à terre, et l’introduisit, en disant : « Bismillah ! »

Et le khalifat se trouva dans une grande salle, haute de plafond, somptueuse et riche, au milieu de laquelle se trouvait un trône carré en or massif et en ivoire, monté sur quatre pieds d’or, sur lequel Khalife le pria de s’asseoir. Et aussitôt entrèrent, porteurs d’immenses plateaux d’or et de porcelaine, de jeunes échansons comme des lunes, qui leur présentèrent des coupes précieuses remplies de décoctions glacées, au musc pur, rafraîchissantes et délicieuses ! Puis d’autres jeunes garçons entrèrent, vêtus de blanc, et plus beaux que les précédents, qui leur servirent des mets aux couleurs admirables, des oies farcies, des poulets, des agneaux rôtis, et toutes sortes d’oiseaux à la broche. Ensuite entrèrent d’autres esclaves blancs, jeunes et charmants, la taille serrée et si élégante, qui enlevèrent les nappes et servirent les plateaux des boissons et des dulcifications. Et les vins se coloraient en des vases de cristal et des hanaps d’or enrichis de pierreries ! Et lorsqu’ils coulèrent entre les mains blanches des échansons, ils dégagèrent un arome à nul autre pareil, et tel qu’on pouvait, en vérité, leur appliquer ces vers du poète :

Échanson, Verse-moi de ce vieux vin, et verse aussi à mon camarade, cet enfant que j’aime.