Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 9, trad Mardrus, 1902.djvu/336

Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
les mille nuits et une nuit

mule de politesse que l’on dit, chez les gens bien élevés, quand on a accepté quelque chose à manger ou à boire : « Puisse-t-elle à jamais durer, l’hospitalité de cette maison ! » Et Force-des-Cœurs, charmée, lui répondit : « Aussi longtemps que ta vie ! » Et, après l’avoir régalé d’un excellent festin, elle lui dit : « Maintenant, ô Khalife, voici venu le moment où tu vas montrer toute ton intelligence et tes mérites ! Écoute-moi donc bien, et retiens ce que tu auras écouté ! Tu vas aller d’ici au palais de l’émir des Croyants, et tu demanderas une audience, qui te sera accordée, et, après les hommages dus au khalifat, tu lui diras : « Ô émir des Croyants, je te prie, en souvenir de l’enseignement que je t’ai donné, de m’accorder une faveur ! » Et il te l’accordera d’avance ! Et tu lui diras : « Je désire que tu me fasses l’honneur d’être mon invité, cette nuit ! » Voilà tout ! Et tu verras bien s’il accepte ou non ! »

Aussitôt Khalife se leva et sortit accompagné d’une suite nombreuse d’esclaves mis à son service, et vêtu d’une robe de soie qui pouvait bien valoir mille dinars. Et, de la sorte, la beauté native de ses traits ressortait pleinement ; et il était bien étonnant ! Car le proverbe dit : « Mets de beaux habits à une canne, et la canne sera une nouvelle mariée ! »

Lorsqu’il fut arrivé au palais, il fut aperçu de loin par le chef-eunuque Sandal qui fut stupéfait de sa transformation, et courut de toutes ses jambes à la salle du trône et dit au khalifat : » Ô émir des Croyants, je ne sais pas ! mais Khalife le pêcheur est devenu roi ! Car le voici qui s’avance vêtu d’une robe qui vaut bien mille dinars, et accompagné d’un