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les mille nuits et une nuit

sement pour ton destin, tu m’as sauvée ! Je suis, en effet, Force-des-Cœurs, la favorite de l’émir des Croyants ! Quant à toi, ton bonheur désormais est assuré ! » Et Khalife lui demanda : « Mais est-ce que ce Haroun est le même que celui auquel j’ai enseigné l’art de la pêche ? Est-ce cet épouvantail que j’ai vu dans le palais, assis sur une grande chaise ? » Elle répondit : « Précisément, c’est lui-même ! » Il dit : « Par Allah ! de ma vie je n’ai rencontré un si vilain joueur de clarinette, et un plus grand coquin ! Non seulement il m’a volé, ce misérable à la face bouffie, mais il m’a donné un dinar pour cent coups de bâton ! Si jamais je le rencontre encore, je l’éventre avec ce pieu ! » Mais Force-des-Cœurs, lui imposant silence, lui dit : « Laisse désormais ce langage inconvenant, car dans la nouvelle situation où tu vas te trouver, il te faut avant tout ouvrir les yeux de ton esprit et cultiver la politesse et les bonnes manières ! Et, de la sorte, ô Khalife, tu feras passer sur ta peau le rabot de la galanterie, et tu deviendras un citadin de haute marque et un personnage doué de distinction et de délicatesse…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.

MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT SOIXANTE-TREIZIÈME NUIT

Elle dit :