remontèrent chez eux. Et Khalife, content de son emplette, rentra dans son logement, et déposa tout cela entre les mains de l’adolescente, en lui disant : « Mange, mange ! » Et elle se mit à rire, et dit : « Comment pourrai-je manger, si je n’ai pas un petit broc ou une petite cruche d’eau pour boire ? Sinon, il est certain que les morceaux s’arrêteront dans mon gosier, et je mourrai ! » Et Khalife répondit : « Loin de toi le mal, ô parfaitement belle ! Je vais courir et te rapporterai non point une cruche, mais une jarre ! » Et il sortit dans la cour du khân, et, de tout son gosier, il cria : « Ô voisins ! ô habitants du khân ! » Et de tous les côtés les voix irritées l’invectivèrent et lui crièrent : « Eh bien ! ô maudit, qu’y a-t-il encore ? » Il répondit : « Le genni du coffre demande à présent à boire ! » Et les voisins descendirent vers lui, lui apportant, qui une gargoulette, qui une cruche, qui un broc, qui une jarre ; et il les prit d’eux, en portant une pièce sur chaque main, une autre en équilibre sur sa tête, une autre sous son bras, et se hâta d’aller porter le tout à Force-des-Cœurs, en lui disant : « Je t’apporte ce que souhaite ton âme ! Désires-tu encore quelque chose ? » Elle dit : « Non ! les dons d’Allah sont nombreux ! » Il dit : « Alors, ô ma maîtresse, parle-moi à ton tour tes paroles si douces, et raconte-moi ton histoire que je ne connais pas ! »
Alors Force-des-Cœurs regarda Khalife, sourit et dit : « Sache donc, ô Khalife, que mon histoire se résume en deux mots ! La jalousie de ma rivale, El Sett Zobéida, l’épouse même du khalifat Haroun Al-Rachid, m’a jetée dans cette situation dont, heureu-