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histoire de khalife et du khalifat
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vante, chercha d’instinct une lampe pour se faire de la lumière ; mais il oubliait que sa pauvreté l’avait toujours empêché d’en avoir une, et, tout en tâtonnant des mains contre les murs de son logement, il claquait des dents et se disait : « Cette fois, c’est terrible ! tout à fait terrible ! » Puis, sa peur redoublant, il ouvrit sa porte et se précipita au dehors, au milieu de la nuit, en criant à tue-tête : « À mon secours ! Ô habitants du khân ! Ô voisins ! accourez ! À mon secours ! » Et les voisins, qui pour la plupart étaient plongés dans le sommeil, se réveillèrent bien émus et se montrèrent à lui, tandis que les femmes passaient leurs têtes à demi voilées par l’entrebâillement des portes. Et tous lui demandèrent : « Que t’arrive-t-il donc, ô Khalife ? » Il répondit : « Vite, donnez-moi vite une lampe, car les genn sont venus me visiter ! » Et les voisins se mirent à rire, et l’un d’eux finit tout de même par lui donner de la lumière. Et Khalife prit la lumière et rentra chez lui, plus sûr de lui-même. Mais soudain, comme il se penchait sur le coffre, il entendit une voix qui disait : « Ah ! où suis-je ? » Et, plus épouvanté que jamais, il lâcha tout et se précipita au dehors comme un fou en s’écriant : « Ô voisins ! Secourez-moi ! » Et les voisins lui dirent : « Ô maudit Khalife ! quelle est donc ta calamité ? Vas-tu finir de nous troubler ? » Il répondit : « Ô braves gens, le genni est dans le coffre ! Il bouge et parle ! » Ils lui demandèrent : « Ô menteur, et que dit-il, ce genni ? » Il répondit : « Il m’a dit : Où suis-je ? » Les voisins lui répondirent, en riant : « Mais en enfer, sans doute, ô maudit ! Puisses-tu ne jamais goûter de sommeil jusqu’à ta mort ! Tu trou-