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histoire de khalife et du khalifat
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coffre qu’il traînait, lui dirent : « Ô Khalife, d’où te viennent cette robe et ce coffre si lourd ? » Il répondit : « De mon garçon, un apprenti, clarinette de sa profession, qui s’appelle Haroun Al-Rachid…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT SOIXANTE-ONZIÈME NUIT

Elle dit :

« … De mon garçon, un apprenti, clarinette de sa profession, qui s’appelle Haroun Al-Rachid ! » À ces paroles, les habitants du khân, voisins de Khalife, furent saisis d’épouvante pour leur âme, et se dirent les uns aux autres : « Pourvu que personne ne l’entende parler ainsi, cet insensé ! Sinon il sera appréhendé par la police et pendu sans recours ! Et notre khân sera détruit tout à fait, et nous serons peut-être, nous aussi, à cause de lui, pendus à la porte du khân ou châtiés d’un terrible châtiment ! » Et, terrifiés à l’extrême, ils l’obligèrent à renfermer sa langue dans sa bouche, et, pour en finir au plus vite, ils l’aidèrent à porter le coffre dans son logement, et poussèrent la porte sur lui.

Or, le logement de Khalife était si exigu que le coffre le remplit en entier, exactement, comme s’il avait été fait pour s’y emboîter. Et Khalife, ne sa-