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les mille nuits et une nuit

hurlait éperdument, et, l’ayant fait étendre sur le ventre, lui fit appliquer en mesure cent coups de bâton, pas un de plus, pas un de moins ! Et Khalife, bien qu’il ne ressentit aucune douleur, à cause de l’endurcissement qu’il avait acquis, poussait des cris épouvantables et lançait mille imprécations contre le joueur de clarinette. Et le khalifat riait extrêmement ! Et lorsqu’on eut fini de lui administrer les cent coups, Khalife se releva, comme si de rien n’était, et s’écria : « Qu’Allah maudisse ton jeu, ô bouffi ! Depuis quand les coups de bâton font-ils partie des plaisanteries entre les gens comme il faut ? » Et Giafar, qui avait une âme miséricordieuse et un cœur pitoyable, se tourna vers le khalifat, et lui dit : « Ô émir des Croyants, permets que le pêcheur tire encore un billet ! Peut-être que le sort lui sera plus favorable cette fois. Et d’ailleurs, tu ne voudras pas que ton ancien maître s’éloigne du fleuve de ta libéralité, sans y avoir apaisé sa soif ! » Et le khalifat répondit : « Par Allah, ô Giafar, tu es bien imprudent ! Tu sais que les rois n’ont point l’habitude de revenir sur leur serment ou sur leur promesse ! Or, tu dois être sûr d’avance que si le pêcheur, ayant tiré un second billet, a comme lot la pendaison, il sera pendu sans recours ! Et tu auras été de la sorte la cause de sa mort ! » Et Giafar répondit : « Par Allah ! ô émir des Croyants, la mort du malheureux est préférable à sa vie ! » Et le khalifat dit : « Soit ! Qu’il tire donc un second billet ! » Mais Khalife, se tournant vers le khalifat, s’écria : « Ô clarinette de malheur, qu’Allah te récompense de ta libéralité ! Mais ne pourrais-tu pas, dis-moi, trouver dans Bagh-