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histoire de khalife et du khalifat
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ces billets, comme te l’a ordonné l’émir des Croyants ! » Et il le poussa vers le trône.

Alors Khalife, tout en résistant à la poussée de Giafar, s’avança en maugréant vers le bassin d’or et, y plongeant lourdement toute sa main, en tira une poignée de billets à la fois. Mais Giafar, qui le surveillait, lui fit lâcher prise, et lui dit de n’en prendre qu’un seul. Et Khalife, le repoussant du coude, replongea sa main et ne retira cette fois qu’un seul billet, en disant : « Loin de moi toute idée de reprendre désormais à mon service ce joueur de clarinette aux joues gonflées, cet astrologue tireur d’horoscopes ! » Et, ce disant, il déplia le billet et, le tenant à rebours, car il ne savait pas lire, il le tendit au khalifat en lui disant : « Veux-tu me dire, ô clarinette, l’horoscope écrit sur ce billet ? Et surtout ne me cache rien ! » Et le khalifat prit le billet et, sans le lire, le tendit à son tour à Giafar, en lui disant : « Dis-nous à haute voix ce qui est écrit là-dessus ! » Et Giafar prit le billet et, l’ayant lu, leva les bras et s’écria : « Il n’y a de majesté et il n’y a de puissance qu’en Allah le Glorieux, l’Omnipotent ! » Et le khalifat, en souriant, demanda à Giafar : « De bonnes nouvelles, j’espère, ô Giafar ! Quoi ? Parle ! Faut-il que je descende du trône ? Faut-il y faire monter Khalife ? ou bien faut-il le pendre ? » Et Giafar répondit, d’un ton apitoyé : « Ô émir des Croyants, il y a, écrit sur ce billet : Cent coups de bâton au pêcheur Khalife ! »

Alors le khalifat, malgré les cris et les protestations de Khalife, dit : « Qu’on exécute la sentence ! » Et le porte-glaive Massrour fit saisir le pêcheur, qui