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les mille nuits et une nuit

par le khalifat, telles que : Un millier de dinars, charge de chambellan, émirat, dignité de khalifat ; et : arrêt de mort, emprisonnement, bastonnade, et autres choses semblables. Puis il les plia tous de la même manière, les jeta dans un petit bassin d’or, et remit le tout au khalifat, qui lui dit : « Ô Giafar, je jure par les mérites sacrés de mes saints ancêtres, les Purs, et par ma royale ascendance qui remonte à Hamzah et à Akil que, lorsque Khalife le pêcheur va être ici tout à l’heure, je vais lui ordonner de tirer un billet de ces billets dont le contenu n’est connu que de moi et de toi, et que je lui accorderai tout ce qui sera écrit sur le billet qu’il aura tiré, quelle que soit la chose écrite ! Et serait-ce même ma dignité de khalifat qui lui écherrait, je l’abdiquerais à l’instant en sa faveur, et la lui transmettrais en toute générosité d’âme ! Mais si, au contraire, c’est la pendaison, ou la mutilation, ou la castration ou n’importe quel genre de mort qui va être son lot, je le lui ferai subir sans recours ! Va donc le prendre, et me l’amène sans retard ! »

En entendant ces paroles, Giafar se dit en lui-même : « Il n’y a de majesté et il n’y a de puissance qu’en Allah le Glorieux, l’Omnipotent ! Il est possible que le billet tiré par ce pauvre soit un billet de la mauvaise espèce, qui va être l’occasion de sa perte ! Et j’aurai été ainsi, sans le vouloir, la cause première de son malheur ! Car le khalifat en a fait le serment, et il n’y a pas à songer à lui faire changer de résolution ! Je n’ai donc qu’à aller chercher ce pauvre ! Et il n’arrivera que ce qui est écrit par Allah ! » Puis il sortit trouver Khalife le pêcheur et,