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histoire de khalife et du khalifat
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chose, pour que si tu as toujours l’intention d’être son associé, tu le sois ; sinon, que tu l’avises de la cessation de l’entente entre vous deux, afin qu’il puisse trouver un autre associé ou compagnon ! »

Lorsque le khalifat eut entendu ces paroles de son vizir, il ne put, malgré les sanglots qui l’étouffaient, s’empêcher de sourire, puis de rire aux éclats, et, soudain, il sentit se dilater sa poitrine et dit à Giafar : « Par ma vie sur toi, ô Giafar, dis-moi la vérité ! Est-il bien exact que le pêcheur Khalife soit maintenant à la porte du palais ? » Et Giafar répondit : « Par ta vie, ô émir des Croyants, Khalife lui-même, avec ses deux yeux, est à la porte ! » Et Haroun dit : « Ô Giafar, par Allah ! il me faut aujourd’hui lui faire justice, selon ses mérites, et lui rendre son dû ! Si donc Allah, par mon entremise, lui envoie des supplices ou des souffrances, il les aura intégralement ; si, au contraire, Il lui écrit pour son sort la prospérité et la fortune, il les aura également ! » Et, disant ces paroles, le khalifat prit une grande feuille de papier, la coupa en petits morceaux d’égale mesure, et dit : « Ô Giafar, écris de ta propre main, d’abord, sur vingt de ces petits billets, des sommes d’argent allant d’un dinar à mille dinars, et les noms de toutes les dignités de mon empire, depuis la dignité de khalifat, d’émir, de vizir et de chambellan, jusqu’aux plus infimes charges du palais ; puis écris, sur vingt autres billets, toutes les espèces de punitions et de tortures, depuis la bastonnade jusqu’à la pendaison et la mort ! » Et Giafar répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Et il prit un calame et écrivit de sa propre main, sur les billets, les indications ordonnées