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histoire de khalife et du khalifat
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demandeur devient le demandé ! Ah ! Tulipe de mon zebb, moi je viens demander ici mon dû, et l’on m’emprisonne sous prétexte d’arriéré de taxes et de non-paiement d’impôts ! » Et voilà pour lui.

Quant au khalifat, Giafar, en pénétrant auprès de lui, le trouva ployé en deux, la tête dans les mains et la poitrine soulevée de sanglots ! Et il se récitait doucement ces vers :

« Mes censeurs me reprochent sans cesse mon inconsolable douleur ! Mais que puis-je, quand le cœur refuse toute consolation ? Est-il sous mon pouvoir, ce cœur indépendant ?

« Et comment pourrais-je, sans mourir, supporter l’absence d’une enfant dont le souvenir remplit mon âme, une enfant charmante et douce, si douce, ô mon cœur !

« Oh non ! jamais je ne l’oublierai ! L’oublier quand la coupe a circulé entre nous, la coupe où j’ai bu le vin de ses regards, le vin dont je reste encore grisé ! »

Et lorsque Giafar fut entre les mains du khalifat, il dit : « La paix sur toi, ô émir des Croyants, ô défenseur de l’honneur de notre Foi, ô descendant de l’oncle du Prince des Apôtres ! Que la prière et la paix d’Allah soient sur Lui et sur tous les siens sans exception ! » Et le khalifat leva vers Giafar des yeux pleins de larmes et un regard douloureux, et lui répondit…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.