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les mille nuits et une nuit

Lorsque le vizir Giafar eut entendu ces paroles, il sourit doucement et dit à l’eunuque : « Comment, ô chef des eunuques, as-tu fait ton compte pour manquer ainsi de respect, d’empressement et d’égards envers le maître même de l’émir des Croyants ! Pauvre Sandal ! que dira le khalifat s’il vint à apprendre qu’on n’a pas honoré à l’extrême son associé et maître, Khalife le pêcheur ! » Puis Giafar ajouta soudain : « Ô Sandal, surtout ne le laisse pas s’en aller, car il ne pouvait tomber plus à propos ! Justement le khalifat, la poitrine rétrécie, le cœur affligé, l’âme en deuil, est plongé dans le désespoir, par la mort de la favorite Force-des-Cœurs ; et j’ai inutilement cherché à le consoler, par tous les moyens ordinaires. Mais peut-être à l’aide de ce pêcheur Khalife, allons-nous pouvoir lui dilater la poitrine. Retiens-le donc pendant que je vais aller tâter le sentiment du khalifat à son sujet ! » Et l’eunuque Sandal répondit : « Ô mon seigneur, fais ce que tu juges opportun ! Et qu’Allah te conserve et te garde à jamais comme le soutien, le pilier et la pierre angulaire de l’empire et de la dynastie de l’émir des Croyants ! Et que sur toi et sur elle soit l’ombre protectrice du Très-Haut ! Et puissent la branche, le tronc et la racine rester intacts durant les siècles ! » Et il se hâta d’aller rejoindre Khalife pendant que Giafar se rendait auprès du khalifat. Et le pêcheur, voyant arriver enfin l’eunuque, lui dit : « Te voilà donc, ô Ventre-Creux ! » Et, comme l’eunuque donnait l’ordre aux mamelouks d’arrêter le pêcheur et de l’empêcher de s’en aller, celui-ci lui cria : « Ah ! voilà bien ce à quoi je m’attendais ! Le créancier devient le débiteur, et le