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histoire de khalife et du khalifat
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lais, et de le vendre au souk au premier acheteur venu, à condition que l’achat fût fait sans qu’on soulevât le couvercle !

Et voilà pour tous ceux-là !

Mais pour ce qui est du pêcheur Khalife : Lorsque, le lendemain de la pêche, il se fut réveillé, sa première pensée fut pour le nègre châtré qui ne lui avait pas payé les deux poissons, et il se dit : « Je crois bien que ce que j’ai encore de mieux à faire c’est d’aller m’informer, au palais, de cet eunuque Sandal, fils de la maudite aux larges narines, puisqu’il me l’a bien recommandé lui-même ! Et s’il ne veut pas s’exécuter, par Allah ! je l’encule ! » Et il se dirigea vers le palais.

Or, en y arrivant, Khalife trouva tout le monde sens dessus dessous ; et, à la porte même, la première personne qu’il rencontra fut le nègre eunuque Sandal, assis au milieu d’un groupe respectueux d’autres nègres et d’autres eunuques, discutant et gesticulant. Et il s’avança de son côté, et, comme un jeune mamelouk voulait lui barrer la route, il le bouscula et lui cria : « Marche, fils de l’entremetteur ! » À ce cri, l’eunuque Sandal tourna la tête et vit que c’était Khalife le pêcheur. Et l’eunuque, en riant, lui dit de s’approcher ; et Khalife s’avança et dit : « Par Allah ! je t’aurais reconnu entre mille, ô mon blondeau, ô ma petite tulipe ! » Et l’eunuque éclata de rire, en entendant ces paroles, et lui dit avec aménité : « Assieds-toi un moment, ô mon maître Khalife ! Je vais tout de suite te payer ton dû ! » Et il mit la main dans sa poche pour prendre de l’argent et le lui donner, lorsqu’un cri annonça