Et alors elle préluda sur quatorze modes différents, et chanta, en s’accompagnant, un chant en entier, qui confondit d’admiration ceux qui la voyaient et ravit de délices ceux qui l’entendaient.
Ensuite, Force-des-Cœurs, après avoir ainsi préludé sur les divers instruments et chanté des chansons variées devant Sett Zobéida, se leva dans sa grâce et sa souplesse ondoyante, et dansa ! Après quoi, elle s’assit et exécuta divers tours d’adresse, jeux de gobelets et d’escamotage, et cela d’une main si légère et avec tant d’art et d’habileté, que Sett Zobéida, malgré la jalousie, le dépit et le désir de vengeance, faillit tomber amoureuse d’elle et lui déclarer sa passion. Mais elle put réprimer à temps ce mouvement, tout en pensant en son âme : « Certes ! mon cousin Al-Rachid ne doit point subir de blâme d’être si amoureux d’elle…
— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.
LA CINQ CENT SOIXANTE-CINQUIÈME NUIT
Elle dit :
« … Certes ! mon cousin Al-Rachid ne doit point subir de blâme, d’être si amoureux d’elle ! » Et elle donna l’ordre aux esclaves de servir le festin, et laissa sa haine prendre le dessus sur ces premiers