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les mille nuits et une nuit

Lorsque Sett Zobéida l’eut admirée et détaillée, elle lui dit : « Aisance, amitié et famille ! Sois la bienvenue parmi nous, ô Force-des-Cœurs ! Assieds-toi et divertis-nous de ton art et de la beauté de ton exécution ! » Et l’adolescente répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Puis elle s’assit et, allongeant la main, elle prit d’abord un tambourin, instrument admirable ; et on put ainsi lui appliquer ces vers du poète :

Ô joueuse de tambourin, mon cœur à t’entendre s’est envolé ! Et tandis que tes doigts battent le rythme profond, l’amour qui me tient suit la mesure, et le contre-coup frappe ma poitrine.

Tu ne prendras qu’un cœur blessé ! Que tu chantes sur un ton léger, ou que tu jettes le cri de la douleur, tu pénètres notre âme !

Ah ! lève-toi, ah ! dépouille-toi, ah ! jette le voile, et, levant tes pieds légers, ô toute belle, danse le pas de la délice légère et de notre folie !

Et, lorsqu’elle eut fait résonner l’instrument sonore, elle chanta, en s’accompagnant, ces vers improvisés :

« Les oiseaux, ses frères, ont dit à mon cœur, oiseau blessé : « Fuis ! fuis les hommes et la société ! »

Mais j’ai dit à mon cœur, oiseau blessé : « Mon cœur, obéis aux hommes et que tes ailes frémissent comme des éventails ! Réjouis-toi pour leur faire plaisir ! »

Et elle chanta ces deux strophes d’une voix si