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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT SOIXANTE-TROISIÈME NUIT

Elle dit :

… Or, lorsque les passants et les boutiquiers virent le pêcheur Khalife qui d’une part portait sur son dos ses filets, son panier et son bâton, et d’autre part était revêtu d’une robe et coiffé d’un turban qui à eux deux valaient bien mille dinars, ils l’entourèrent et marchèrent derrière lui, pour voir quelle pouvait être l’affaire, jusqu’à ce qu’il fût arrivé devant la boutique du tailleur même du khalifat. Et le tailleur, dès le premier regard jeté sur Khalife, reconnut en l’habit qu’il portait celui-là même qu’il avait livré depuis peu au commandeur des Croyants. Et il cria au pêcheur : « Ô Khalife, d’où t’est donc venue cette robe que tu portes ? » Et Khalife, de très mauvaise humeur, lui répondit en le toisant : « Et de quoi te mêles-tu donc, impudent au visage d’excrément ? Sache tout de même, pour voir que je ne cache rien, que cette robe m’a été donnée par l’apprenti auquel j’enseigne la pêche, et qui est devenu mon aide. Et il ne me l’a donnée que pour ne pas avoir la main coupée, à la suite du vol dont il s’est rendu coupable en me dérobant mes effets ! »

À ces paroles, le tailleur comprit que le khalifat avait dû, en sa promenade, rencontrer le pêcheur, et