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histoire de khalife et du khalifat
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bien recevoir cette lance dans ton flanc ? » Et Khalife lui répondit : « Ne frappe pas, ô vaurien ! Il vaut encore mieux te donner le poisson que de perdre la vie ! » Et il sortit de l’eau et vint jeter avec dédain les deux poissons au nègre qui les ramassa, et les mit dans un mouchoir de soie brodé richement ; puis il porta la main à sa poche, pour y prendre de l’argent, mais il la trouva vide ; et il dit au pêcheur : « Par Allah, ô pêcheur, tu n’as pas de chance, car moi présentement je n’ai pas un seul drachme en poche ! Mais demain tu viendras au palais et tu demanderas le nègre eunuque Sandal. Et les serviteurs te mèneront à moi, et tu trouveras auprès de moi accueil généreux et ce que ta chance t’aura fixé ; et tu t’en iras ensuite en ta voie ! » Et Khalife, n’osant trop faire le rébarbatif, jeta à l’eunuque un regard qui en disait plus que mille insultes ou mille menaces d’enculage ou de fornication avec la mère ou la sœur du partenaire, et s’éloigna dans la direction de Baghdad, en frappant ses mains l’une contre l’autre, et en disant, avec un ton d’amertume et d’ironie : « En vérité, voilà un jour qui, dès son commencement, a été béni entre tous les jours bénis de ma vie ! C’est évident ! » Et il franchit de la sorte les murs de la ville, et parvint à l’entrée des souks. Or, lorsque les passants et les boutiquiers…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.