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histoire de khalife et du khalifat
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Et le khalifat leur répondit : « Il vient de m’arriver une aventure prodigieuse des plus dilatantes et des plus extraordinaires ! » Et il leur raconta ce qui lui était arrivé avec Khalife le pêcheur, et comment, pour remplacer les vêtements qu’il était censé lui avoir volés, il lui avait donné en échange sa robe de satin ouvragé. Alors Giafar s’écria : « Par Allah ! ô émir des Croyants, quand je t’ai vu t’éloigner tout seul, si richement habillé, j’ai eu comme un pressentiment de ce qui allait t’arriver. Mais il n’y a pas grand mal, puisque je vais aller tout de suite racheter au pêcheur cette robe que tu lui as donnée ! » Le khalifat se mit à rire encore plus fort, et dit : « Tu aurais dû, ô Giafar, y penser plus tôt, car le bonhomme, pour l’ajuster à sa taille, en a déjà coupé un tiers et s’est servi du morceau coupé pour se faire un turban ! Mais, ô Giafar, j’ai eu vraiment assez d’une seule pêche, et je ne suis guère tenté de recommencer une telle besogne. Et, d’ailleurs, j’ai pêché en une fois de quoi me dispenser désormais de souhaiter un plus beau succès, car le poisson sorti de mon filet est d’une abondance miraculeuse, et se trouve là-bas, sur le rivage, sous la garde de mon maître Khalife qui n’attend que mon retour avec les paniers pour aller vendre au souk le produit de ma pêche ! » Et Giafar dit : « Ô émir des Croyants, je vais donc aller rabattre vers vous deux les acheteurs ! » Haroun s’écria : « Ô Giafar ! par les mérites de mes ancêtres, les Purs, je promets un dinar par poisson à tous ceux qui iront acheter de ma pêche à Khalife, mon maître ! »

Alors Giafar fit crier aux gardes de l’escorte : « Ho !