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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT SOIXANTE-UNIÈME NUIT

Elle dit :

… Et il ressemblait de la sorte à un des ces éfrits malfaisants qui errent dans les lieux déserts. Et Haroun lui souhaita la paix, et Khalife lui rendit le souhait en maugréant et en lui lançant un regard flamboyant. Et Haroun lui dit : « Ô homme, as-tu à me donner une gorgée d’eau ? » Et Khalife lui répondit : « Ô toi, es-tu aveugle ou fou ? Ne vois-tu pas que l’eau coule derrière ce tertre ? » Alors Haroun contourna le tertre et descendit vers le Tigre où il se désaltéra, en s’étendant à plat ventre, et fit également se désaltérer sa mule. Puis il revint auprès de Khalife et lui dit : « Qu’as-tu donc à faire ici, ô homme, et quelle est ta profession ? » Khalife répondit : « En vérité, cette question est encore plus étrange et plus extraordinaire que celle concernant l’eau. Ne vois-tu donc pas sur mes épaules l’outil de mon métier ? » Et Haroun, ayant vu le filet, dit : « Tu dois être pêcheur, sans doute ! » Il dit : « Tu l’as dit ! » Et Haroun lui demanda : « Mais qu’as-tu fait de ton caban, de ta chemise et de ton sac ? » À ces paroles, Khalife, qui avait perdu ces divers objets que venait de nommer Al-Rachid, ne douta pas un instant qu’il ne fût lui-même le voleur qui les