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histoire de khalife et du khalifat
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pendant la chaleur du jour, ils finirent par laisser leur escorte loin derrière eux, distraits qu’ils étaient par leur conversation ; et Al-Rachid eut bien soif, et dit : « Ô Giafar, je suis torturé par une soif très forte ! » Et il regarda de tous côtés autour de lui, pour chercher quelque habitation, et aperçut quelque chose au loin, sur un tertre, qui bougeait, et demanda à Giafar : « Vois-tu, toi, ce que je vois là-bas ? » Il répondit : « Oui, ô commandeur des Croyants, je vois quelque chose de vague sur un tertre. Ce doit être quelque jardinier ou quelque planteur de concombres ! En tout cas, comme il doit y avoir certainement de l’eau dans son voisinage, je vais courir t’en chercher ! » Al-Rachid répondit : « Ma mule est plus rapide que ta mule ! Demeure donc ici, pour attendre notre escorte, tandis que je vais aller moi-même boire chez ce jardinier et revenir ensuite ! » Et, disant cela, Al-Rachid poussa sa mule dans cette direction-là, et s’éloigna avec la rapidité d’un vent d’orage ou d’un torrent qui tombe du haut d’un rocher ; et, en un clin d’œil, il atteignit la personne en question, qui n’était autre que Khalife le pêcheur. Et il le vit nu et empêtré dans ses filets, et couvert de sueur et de poussière, et les yeux rouges, saillants et égarés, et d’aspect horrible à regarder. Et il ressemblait de la sorte à un de ces éfrits malfaisants qui errent dans les lieux déserts…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.