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les mille nuits et une nuit

Giafar Al-Barmaki. Et Giafar leur promit de porter bientôt remède à cet état de choses, et attendit, pour voir le khalifat, la prière du vendredi suivant. Et il entra dans la mosquée et eut une entrevue avec lui et put lui parler pendant un long moment des aventures d’amour et de leurs conséquences. Et le khalifat, après l’avoir écouté sans l’interrompre, lui répondit : « Par Allah ! ô Giafar, je ne suis pour rien dans cette histoire et ce choix ; mais la faute est à mon cœur qui s’est laissé prendre dans les lacets de l’amour, et moi je ne sais guère le moyen de l’en tirer ! » Et le vizir Giafar répondit : « Sache, ô émir des Croyants, que ta favorite Force-des-Cœurs est désormais entre tes mains, soumise à tes ordres, une esclave parmi tes esclaves ; et tu sais que lorsque la main possède, l’âme ne convoite plus. Or, moi, je veux t’indiquer un moyen pour que ton cœur ne se lasse point de la favorite : c’est de t’en éloigner de temps en temps, en allant par exemple à la chasse ou à la pêche, car il est possible que les filets du pêcheur délivrent ton cœur de ceux où l’amour le tient enlacé ! Cela vaut encore mieux pour toi que de t’occuper, pour le moment, des affaires du gouvernement, car, dans la situation où tu te trouves, ce travail te causerait trop d’ennui ! » Et le khalifat répondit : « Ton idée est excellente, ô Giafar, allons nous promener sans retard ni délai ! » Et, dès que les prières furent terminées, ils quittèrent la mosquée, montèrent chacun sur une mule, et prirent la tête de leur escorte pour s’en aller hors de la ville et parcourir les champs.

Après avoir erré longtemps de côté et d’autre,