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histoire de khalife et du khalifat
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vail, il pensait encore à ses cent dinars, et se disait : « Si je les laisse dans mon logis, ils seront volés certainement ; si je les serre autour de ma taille dans une ceinture, ils seront remarqués par quelque larron qui se mettra à l’affût dans un endroit solitaire pour attendre mon passage, et me sautera dessus, me tuera et me dépouillera. Aussi je vais faire mieux que tout cela ! » Alors il se leva, déchira son caban en deux, confectionna un sac avec l’une des moitiés, et enferma l’or dans ce sac qu’il pendit à son cou au moyen d’une ficelle. Après quoi, il prit ses filets, son panier et son bâton, et s’achemina vers le rivage. Et arrivé là, il saisit ses filets et de toute la force de son bras, il les lança dans l’eau. Mais le mouvement qu’il fit était si brusque et si peu mesuré, que le sac d’or sauta de son cou et suivit les filets dans l’eau ; et la force du courant l’entraîna au loin dans les profondeurs.

À cette vue, Khalife lâcha ses filets, se dévêtit en un clin d’œil en jetant ses vêtements sur le rivage, sauta dans l’eau et plongea à la recherche de son sac ; mais il ne réussit point à le retrouver. Alors il plongea une seconde fois et une troisième fois et ainsi de suite jusqu’à cent fois, mais inutilement. Alors, désespéré et à bout de forces, il remonta sur le rivage et voulut se vêtir ; mais il constata que ses vêtements avaient disparu, et il ne trouva que son filet, son panier et son bâton. Alors il frappa ses mains l’une contre l’autre et s’écria : « Ah ! les vils chenapans qui m’ont volé mes habits ! Mais tout cela ne m’arrive que pour donner raison au proverbe qui dit : Le pèlerinage ne s’achève pour