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histoire de khalife et du khalifat
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même temps de grands cris comme s’il était déjà en présence du chef de la police et obligé de se défendre de l’accusation. Et il criait : « Aïe ! Hélas ! Par Allah, mon seigneur, c’est un mensonge ! Aïe ! un grand mensonge ! Hélas ! Aïe ! des paroles de perdition contre moi ! Ouh ! Ouh ! comme je suis délicat ! Tous des menteurs ! Je suis un pauvre ! Allah ! Allah ! un pauvre pêcheur ! Je ne possède rien ! Aïe ! rien des biens méprisables de ce monde ! Si ! je possède ! non ! je ne possède pas ! Si ! je possède ! non, je ne possède pas ! » Et il continua de la sorte à s’administrer ce remède, en donnant tantôt un coup sur sa peau, et tantôt un coup sur le coussin ; et, quand il avait trop mal, il oubliait son tour, et donnait deux coups au coussin ; et il finit même par ne plus se donner qu’un coup sur trois, puis sur quatre, puis sur cinq !

Tout cela !

Et les voisins, qui entendaient les cris et les coups résonner dans la nuit, et les marchands du quartier finirent par s’émouvoir et se dirent : « Que peut-il donc être arrivé à ce pauvre garçon pour qu’il crie de la sorte ? Et que sont ces coups qui pleuvent sur lui ? Peut-être sont-ce des voleurs qui l’ont surpris et qui le battent à le faire mourrir ! » Et alors, comme les cris et les hurlements ne faisaient qu’augmenter d’intensité, et que les coups devenaient de plus en plus nombreux, ils sortirent tous de leurs maisons, et coururent à la maison de Khalife. Mais comme ils en trouvèrent la porte fermée, ils se dirent : « Les voleurs ont dû entrer chez lui de l’autre côté, en descendant par la terrasse ! » Et ils