jeunes garçons, des esclaves, des serviteurs et des employés. Alors, toi, tu t’avanceras près de lui, tu déposeras le panier à poisson devant lui et tu lui diras : « Ô Abou-Saada, voici ! Moi je suis allé aujourd’hui à la pêche, et j’ai jeté les filets en ton nom, et Allah a envoyé ce poisson qui est dans ce panier ! » Et tu découvriras délicatement le poisson. Alors il te demandera : « L’as-tu déjà proposé à un autre qu’à moi ? » Toi, dis-lui : « Non, par Allah ! » Et lui, il prendra le poisson et t’offrira, comme prix, un dinar. Mais tu le lui retourneras. Et il t’offrira deux dinars ; mais tu les lui retourneras. Et chaque fois qu’il te fera une offre, tu la repousseras, même s’il t’offre le poids en or du poisson ! N’accepte donc rien de lui, fais-y bien attention. Et il te dira : « Dis-moi alors ce que tu désires ! » Et toi tu lui répondras : « Par Allah ! je ne vends le poisson que contre deux paroles ! » Et s’il te demande : « Quelles sont ces deux paroles ? » Tu lui répondras : « Lève-toi sur tes pieds et dis : « Soyez témoins, ô vous tous qui êtes présents dans le souk, que je consens à échanger le singe de Khalife le pêcheur contre mon singe, que je troque ma chance contre sa chance et mon lot de bonheur contre son lot de bonheur ! » Et toi tu ajouteras, en t’adressant à Abou-Saada : « Tel est le prix de mon poisson. Car je n’ai que faire de l’or ! Je n’en connais ni l’odeur, ni le goût, ni l’utilité ! » Ainsi tu parleras, ô Khalife ! Et si le juif consent à ce marché, moi, étant devenu ta propriété, tous les jours de bon matin je te souhaiterai le bonjour, et le soir je te souhaiterai le bonsoir ; et de la sorte je te porterai bonheur, et tu gagneras
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histoire de khalife et du khalifat
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