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les mille nuits et une nuit

« La mère de ton épouse, une vieille Franque qui habitait Acre, m’a remis pour sa fille ce paquet que voici ! » Et il me remit le paquet et ajouta : « Et cette dame m’a chargé de dire à sa fille qu’elle espérait la revoir en bonne santé ! » Moi donc je pris le paquet, et revins avec ma femme à la maison. Et lorsque nous eûmes ouvert le paquet, nous y trouvâmes les vêtements que mon épouse portait en Acre, plus les premiers cinquante dinars que je lui avais donnés et les cent autres dinars de la deuxième rencontre, noués, dans le mouchoir même, du nœud que j’y avais fait moi-même ! Alors moi je reconnus par là la bénédiction que m’avait apportée ma chasteté, et j’en rendis grâces à Allah !

Dans la suite, j’emmenai ma femme, la Franque devenue musulmane, en Égypte, ici même. Et c’est elle, ô mes hôtes, qui m’a rendu père de ces enfants blancs qui bénissent leur Créateur. Et jusqu’à ce jour nous avons vécu dans notre union, mangeant notre pain comme nous l’avons cuit d’abord ! Et telle est mon histoire ! Mais Allah est plus savant ! »


— Et Schahrazade, ayant raconté cette anecdote, se tut. Et le roi Schahriar dit : « Que ce fellah est heureux, Schahrazade ! » Et Schahrazade dit : « Oui, ô Roi, mais certainement il n’est pas plus heureux que ne l’a été Khalife le Pêcheur avec les singes marins et le khalifat ! » Et le roi Schahriar demanda : « Et qu’elle est donc cette Histoire de Khalife et du khalifat ? » Schahrazade répondit : « Je vais tout de suite te la raconter ! »