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les mille nuits et une nuit

Alors je pénétrai en elle. Et elle devint enceinte de moi. Et nous nous établîmes à Damas.

Quelques mois s’étaient passés de la sorte, quand arriva à Damas un ambassadeur du roi des Francs, envoyé auprès du sultan Saladin pour demander, suivant les clauses stipulées entre les rois, l’échange des prisonniers de guerre. Et tous les prisonniers, hommes et femmes, furent scrupuleusement rendus aux Francs, en échange des prisonniers musulmans. Mais quand l’ambassadeur franc eut consulté sa liste, il constata qu’il manquait encore, sur le nombre, la femme du cavalier Un Tel, celui-là même qui était le premier mari de mon épouse. Et le sultan envoya ses gardes la chercher partout, et on finit par leur dire qu’elle était dans ma maison. Et les gardes vinrent me la réclamer. Et moi je devins tout changé de couleur, et j’allai en pleurant trouver mon épouse que je mis au courant de la chose. Mais elle se leva et me dit : « Mène-moi tout de même devant le sultan ! Je sais ce que j’ai à dire entre ses mains ! » Moi donc, prenant ma femme, je la conduisis voilée en présence du sultan Saladin ; et je vis l’ambassadeur des Francs assis à côté de lui, à sa droite…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.